Si vous permettez, une petite précision concernant le projet d'accord proposé cette semaine par Boris Johnson.

Il prévoit effectivement que l'Irlande du Nord reste dans le marché unique (et son espace de régulation) mais pour les biens seulement tandis qu'elle s'inscrirait dans la zone douanière du Royaume Uni. Par ailleurs l'Assemblée de Stormont (Irlande du Nord) devrait confirmer, tous les 4 ans, cette double appartenance.

Alors que les Irlandais, Nord et Sud confondus, ne veulent pas de frontière physique, le projet de Johnson aurait curieusement pour conséquence l'érection de deux barrières : l'une Est/Ouest (union douanière) et l'autre Nord/Sud. Quant à l'agrément de Stormont, il donne, de fait, un pouvoir de veto au DUP. Tout cela est bien entendu inacceptable par les européens lesquels ont refusé de continuer à discuter ce week-end.

En réalité, le projet de Boris Johnson illustre la position de fragilité extrême dans laquelle le RU s'est laissé enfermer : un Brexit sans accord le laisse à la merci de la France (et ses douaniers) qui pourra, à sa fantaisie, réguler les flux de produits entrants ou sortants (voir le rapport Yellowhammer), tandis qu'un accord éventuel nécessite l'approbation des irlandais.

Un peu ironique que l'avenir du Royaume uni soit maintenant dans les mains des douaniers français ou des agriculteurs irlandais, non ?